Considérée comme le site le plus visité du Var, l’abbaye du Thoronet est un imposant édifice religieux qui a été une source d’inspiration lors des constructions contemporaines. La simplicité et la pureté des volumes inspirent plusieurs générations d’architectes. Avec les abbayes de Sénanque en Vaucluse et Silvacane en Bouches-du-Rhône, l’abbaye cistercienne de Thoronet fait partie des trois sœurs provençales.
Sa fondation
Fondé au XIIe siècle en Provence, le Thoronet est le pionnier cistercien de cette région. En 1146, la communauté moine de Tourtour ne trouve pas les conditions idéales pour se développer et décide de se déplacer. Après une journée de marche, ils ont découvert le site du Thoronet et l’ont jugé parfait grâce à la sérénité du lieu et à l’accès à un point d’eau rendant la terre fertile. La construction de l’abbaye débute alors en 1160 et s’achève en 1230. Au début, une vingtaine de moines se sont installés et cultivent de la vigne et de l’olivier. L’abbaye ne tarde pas à connaître la prospérité, à la suite d’innombrables donations effectuées par les seigneurs de Castellane. Ce qui permet, en plus de la forêt généreuse, de la terre fertile et de l’abondance de l’eau, d’organiser son économie autour de l’agriculture et de l’élevage. Cette abbaye illustre à merveille la règle cistercienne de l’époque : « un monastère qui réunit dans son enceinte un moulin, un jardin, de l’eau, des ateliers divers… » afin d’éviter que les moines ne cherchent ailleurs.
Son histoire
Au XIVe siècle, le déclin de Thoronet est déjà entamé. Les révoltes internes et les guerres de religion ont forcé les moines à abandonner l’abbaye. Pendant un siècle environ, elle servait juste de refuge pour quelques religieux, et son état avoisine la misère : l’effondrement des toitures les fissures au niveau des murs, les fenêtres délabrées et les portes usées. En 1791, le monument est mis en vente comme bien national. Malgré sa liquidation à 132 700 francs, l’abbaye de Thoronet fût à nouveau abandonnée. Ce n’est qu’en 1854 que l’État a repris sa possession grâce à l’intervention de Prosper Mérimée qui la signale à Revoil, un architecte de monument historique. Des travaux de restauration et de consolidations se sont alors succédé et ont permis d’échapper à un état de ruine.
Les endroits à visiter
L’église
C’est le bâtiment le plus grand de tout l’ensemble architectural. Elle est en forme de croix et possède une nef à quatre travées qui revoie parfaitement une très belle résonnance de la voix. Cet écho est favorable pour une acoustique exceptionnelle et transmet le son de part et d’autre de la salle sans aucune évasion. À l’extérieur se trouve un cloître qui renferme un jardin bien entretenu. Cette église est munie d’un clocher primitif qui possède une flèche de pierre qui date depuis sa construction. Elle culmine à une altitude de 30 mètres environ. On compte quatorze fenêtres étroites, embellies par des vitraux en grisaille. Le chœur liturgique de l’église se trouve à l’extrémité Est. Il est composé d’une abside semi-circulaire voûtée en cul-de-four.
La sacristie
Autrefois, ce logement contenait la salle au trésor dont le sacristain est le premier responsable. Ce dernier avait son logement appuyé contre le mur du transept. La sacristie est une pièce modeste éclairée par une seule fenêtre dont la base se rapproche approximativement du sol. Le toit est voûté en plein cintre avec un seul doubleau, dont la nervure repose sur deux culots. On y accède par un escalier qui descend à une profondeur d’un mètre depuis l’église.
La salle capitulaire
Les murs et les colonnes sont fondés en 1170 et les voûtes d’ogives de 1200 à 1240. Vous serez épatés par son décor et par la qualité de son architecture. Elle est voûtée par 6 croisées d’ogives qui retombent sur deux colonnes en plein milieu de la salle, où se trouvait le pupitre du lecteur. Comme dans les abbayes espagnoles et méridionales, l’ogive se termine dans le mur en fuseau. Ce qui lui donne une forme en amande, la rendant plus esthétique et plus raffinée. Dans cette salle, vous aurez l’occasion de voir la croix du chapiteau, situé sur la colonne Sud, devant laquelle les moines s’inclinaient de temps en temps.
Le cloître
Construit en 1175, il se trouve au centre du monastère. Le cloître a une dimension de 30 mètres de côté, une similitude aux nombreux cloîtres cisterciens. Les axes du cellier et de l’abbatiale lui procurent une forme de trapèze allongé. La galerie sud fût la première construite, elle est la plus élevée et couverte d’une voûte en berceau continue. On la surnomme la galerie de la collation. La galerie nord correspond au réfectoire qui dispose d’un lavabo cistercien. Comme il est construit sur un sol argileux, le réfectoire est tombé en ruine.
La salle des moines
Elle se trouve à l’extrémité nord de l’aile des moines. Il est à noter que la partie Nord de l’abbaye a subi plusieurs glissements de terrain, à cause de l’exploitation de bauxite à ciel ouvert et souterrain à proximité. La salle des moines n’en fût pas épargnée et très peu d’éléments en sont conservés. Néanmoins, la restitution a été inspirée des abbayes de Sénanque et de Silvacane qui sont elles même munies d’une cheminée et voûtées de croisées d’ogives.
Les bâtiments des frères lais
Il mesure 36 mètres de long et se lie au Tombarèu dans sa partie nord. Sa construction est estimée vers le XIIIe siècle. Le bâtiment des convers a la même structure que celui des moines. Il est composé à deux niveaux, un rez-de-chaussée où se trouve un réfectoire voûté d’ogives et un l’étage comprenant le dortoir qui est éclairé par de nombreuses baies.
Le cellier et les granges
Se trouvant dans la galerie ouest du cloître, le cellier a la forme d’une grande salle rectangulaire. D’après les études archéologiques, il a subi quelques remaniements architecturaux. Au XVIe siècle, il a été utilisé comme cave à vin. Des pressoirs sont encore visibles lors de vos visites. Au sein de ce même enclos, deux lieux de stockages sont présents. Le premier se trouve à proximité de la porte dite de Lorgues et le second se situe au nord-ouest, c’est-à-dire dans la salle d’hôtellerie, qui a une structure bien plus proche d’une grange que d’un lieu d’accueil.